Ô Capitaine, Mon Capitaine, combien de tempêtes encore avant d’arrimer ?
Combien de rafales,
de coups de vent violents,
de bises glaciales, d’ouragans, de marées,
Combien de verglas, de gifles dévergondées, de remise à zéro, d’orages meurtrier …
Pris au cœur de la tornade, l’âme s’est faufilée, protégeant nos rêves les plus sacrés.
Reste en lutte, le dur, le sec, l’amnésique, le conditionné, réfutant avec leste cette énième renversée.
« Pourquoi, pourquoi moi ? » est l’hymne de ce drôle de guerrier.
Il lutte, il lutte, il oublie qu’il ne fait que la renforcer.
Pourtant c’est un habitué, il les voit arriver, mais inconscient ou bête, cette fois il croit lui échapper …
Nul ne saisit la tempête à moins de l’incarner …
Au fond il sait qu’elle est beauté cachée et qu’elle vient à point nommé,
ramenant sous son aile ce qu’il ne peut plus intégrer,
ce qui est lourd et chancelle, dépassé par l’actualité.
Nombres de peurs, de pertes, de regrets trépassent sous son électricité.
Elle sait être virulente et vous octroyer le rôle principal d’une mauvaise série B mais aussi être plus légère,
aussi douce qu’une lingette bébé, nettoyer en surface et quelque peu irrité.
Souvent elle bouscule,
elle remue le passé,
arrachant nos grands doutes, nos croyances fortifiées,
étalant sur la route quelques ordures momifiées.
Certaines se nomment « saccadées », se multipliant aussi vite que leur arrivées,
à peine le temps de se relever que la deuxième fait son entrée. Rythmées et achalandées.
Parfois, plus douce, telle une bise d’été, emportant en chemin quelques mauvaises herbes,
quelques incivilités.
Elle agace, elle déroute, elle enferme et effraie, laisse las, tel un épouvantail dépouillé …
Qui croise sa route, est à jamais changé.
Notre plus grande peur n’est pas son pillage, non, c’est son intensité, comme ces tsunamis qui amènent le sol à nous extirper le peu d’air qu’il nous restait.
Au cœur de sa puissance, on peut entendre le drôle de guerrier, murmuré :
« Qu’ai-je donc fait, pourquoi le sort s’acharne, pourquoi encore me renverser ?
Je demande juste un peu de tranquillité, est-ce trop vous demander ?
Pourquoi tant de dureté, à quand une once de fluidité ?
C’était mon plus beau projet, je suis vidé, j’ai tout raté …
Je ne comprends rien, tout est si compliqué, quel chemin prendre, quelle voie est ma destinée ?»
Les réponses bien sûr ne viendront pas à lui, son monde est trop embrumé,
il devra attendre … le temps …de se retrouver…
Et là, dans son entièreté, il sourira, oui, un sourire vrai, composé de souffrance mais aussi de gaieté,
d’attente et de félicité, tout le panel nécessaire pour offrir au monde son unique bouquet.
L’aube du présent pour seul guide, il essuiera encore nombres de turbulences.
Et pourra se gratifier de connaitre ses tempêtes, celles aussi qu’il ne savait nommer, celles qui déposent au centre de vous-même le soleil téméraire faisant face aux intemporalités …
Toutes les tempêtes ne peuvent être embrassées mais il est dit que l’on traverse uniquement celles que nous sommes en mesure de supporter.
Et quand le soleil se couche, il est bon de se rappeler, que subsiste éternellement toute la beauté qu’il veille tant à illuminer….